Copyrights @ Journal 2014 - Designed By Templateism - SEO Plugin by MyBloggerLab

Selasa, 11 Februari 2020

Mussolini

Share

Category: Livres,Romans et littérature,Livres de référence

Mussolini Details

Entre le Mussolini de ceux qui le prennent pour une marionnette de l'histoire, celui des nostalgiques du fascisme qui ressassent la propagande des années 20 et 30, des amateurs d'anecdotes qu'intéresse uniquement la vie sentimentale (agitée) du Duce et celui dont une érudition parfois accablante risque d'estomper les traits, la véritable personnalité de l'une des figures noires du siècle qui s'achève demeure pour beaucoup d'Européens une énigme. Comment saisir les sinuosités d'une carrière commencée à l'ombre de Garibaldi et Mazzini, de Proudhon, Marx et Nietzsche et achevée dans la fange de la République de Salo ? Pourquoi un fils du peuple devenu militant ouvrier et journaliste, héraut de l'intervention dans la Première Guerre mondiale et numéro 2 du PSI, s'est-il métamorphosé en nationaliste à tous crins ; comment l'agitateur s'est-il fait le promoteur d'un régime d'ordre, comment le futuriste a-t-il fini par prôner le retour à la Rome antique ? Pour quelles raisons un homme de longue date hostile à l'Allemagne et indifférent aux problèmes "raciaux" a-t-il pu être l'alter ego latin du Führer, jetant son pays dans une nouvelle guerre, mal préparée, et se faisant le complice du génocide ? Qui est cet anticlérical signant les accords du Latran, cet anticolonialiste conquérant l'Ethiopie, ce républicain offrant au roi le titre d'empereur, cet adepte de l'union libre exaltant la famille traditionnelle ? Etc., etc. Ces contradictions, ces revirements, ces reniements, Mussolini les a assumés et même voulus, car il s'est très tôt persuadé qu'il était à lui seul le salut de l'Italie, et cette certitude l'habita jusqu'à la fin ou presque. La passivité voire le soutien (au moins jusqu'au milieu des années 30) des Italiens firent le reste en le confortant dans cette idée. Pierre Milza, professeur d'histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Paris et directeur du Centre d'histoire de l'Europe du vingtième siècle (CHEVS/FNSP), est spécialiste de l'histoire du fascisme et de l'Italie des XIXe et XXe siècles.

Reviews

Pierre Milza est un historien universitaire qui est le meilleur connaisseur de l'Italie, en près de 990 pages il retrace dans ce livre la vie de Mussolini.La biographie est un style à part dans la littérature historique, Milza maîtrise ce style parfaitement. Il fait revivre son sujet et nous narre les différents épisodes de sa vie, en mettant en valeur les différentes facettes : aussi bien la formation de son caractère dans son enfance, sa formation politique de socialiste révolutionnaire romagnol, sa conversion à l'interventionnisme pendant la première guerre, puis sa plongée dans le fascisme, dans une spirale qui se conclura par son exécution. Il montre aussi très bien le mélange de sa privée, avec ses nombreuses conquêtes et égéries, et de sa vie publique. Cela dit, ce qui semble le plus intéresser l'auteur, c'est le Mussolini "diplomate", celui qui cherche à constituer un empire à l'Italie ou qui souhaite réorganiser les Balkans...Par la force des choses, en se focalisant sur Mussolini, l'auteur rédige une histoire du fascisme relativement épurée, puisque Mussolini par lui-même n'a participé aux exactions qu'en tant qu'instigateur et éventuellement en donneur d'ordres à demi-mots (assassinat de Matteotti). Cela peut donner l'impression d'une certaine mansuétude, qui semble justifiée par l'idée que Mussolini aurait "apporté la paix civile aux italiens". C'est faire bien peu de cas du fait qu'avec les chemises noires il était un des principaux organisateurs des désordres civils.La deuxième raison de cette mansuétude provient d'un phénomène psychologique propre à la biographie : l'auteur ne peut passer des années à étudier son sujet sans développer une certaine connivence avec lui. C'est ainsi, par exemple, qu'au détour d'une phrase on peut trouver le Mussolini fasciste des années 1930 qualifié de l'affectueux qualificatif de "vieux lion". Autant on peut être satisfait du fait que la biographie ne soit pas un portrait à charge, autant la sympathie pour le personnage de Mussolini, qui ressort de temps en temps, met mal à l'aise. Elle apparaît d'autant moins justifiée que Milza montre très bien l'opportunisme, la capacité à retourner sa veste et à attaquer ses anciens amis, tout comme le confusionnisme mental, qui servent de guide au Duce. Au total un personnage peu recommandable, même si dans le domaine et à cette époque il y a eu bien pire.

0 Comments:

Posting Komentar